La gestion de groupe

Cet article est particulier parce qu’il est écrit à trois mains . L’Expression entre pairs !

Il cible et interroge la posture de l’enseignant et des conditions de mise en place: l’aménagement de l’espace, la gestion du temps, un partenariat  élargi.

Toutes les remarques ou questionnements qui peuvent compléter cette réflexion seront particulièrement les bienvenus…

La forme de cet article :

Je soutiens l’idée d’une réflexion construite dans l’échange, l’interaction et la différence de points de vue .

Ce blog est lu mais il n’est pas souvent alimenté de commentaires qui pourraient compléter mon point de vue. Cela limite donc la qualité de la réflexion et j’ai cherché à remédier à cette situation.

J’ai la grande chance d’appartenir à un groupe dynamique dans lequel les participants rebondissent facilement ; sachant que  je rebondis sur leurs questionnements ou pratiques. Il s’agit bien d’interactions et de confrontations de points de vue. Ce que je trouve évidemment très enrichissant et passionnant . C’est bien ce qui nourrit mes articles et me porte à continuer. Merci à toutes et à tous. Ils et elles se reconnaitront…

Suite à une discussion sur la gestion de groupe , j’ai envoyé un premier jet de réflexion sur lequel deux personnes ont accepté de rebondir. Je me suis dit qu’il serait vraiment dommage de ne pas faire apparaitre comment ces personnes avaient nourri l’article .

J’ai choisi de présenter une juxtaposition des apports de chacun parce que cela m’a semblé plus « naturel » et donc plus juste. J’ai gardé cette présentation listée pour conserver l’idée de la complexité à prendre en compte. Il y a beaucoup de paramètres…

Vous trouverez ce qu’a écrit l’une en bleu et ce qu’a écrit l’autre en rose. Merci vraiment beaucoup à ces deux personnes …

La gestion du groupe

Pour gérer sereinement la difficulté que représente le groupe,il s’agit de devenir un enseignant qui accepte le doute, qui accepte tous les enfants , qui accepte de ne pas tout savoir, tout maitriser et qui devrait pouvoir se former pour…

Ne pas se juger : ni soi, ni les élèves mais s’évaluer : où j’en suis, où je veux aller, etc. Revoir la définition d’évaluer qui est aujourd’hui, il me semble, confondu avec « contrôler ».

Avoir un équilibre personnel suppose de ….

  • Connaitre ses qualités et ses failles ; savoir quelles sont ses limites et comment se gérer quand on les atteint …
  • Pouvoir se détacher de ce qui est perso.
  • Pouvoir se détacher de relations individuelles personnelles  avec les élèves.

Certains élèves progressent bien quand une relation particulière s’établit mais ce n’est pas les conduire vers l’autonomie. Ils apprennent pour l’autre et non pour eux. Favoriser la relation entre les élèves et le savoir et non entre les élèves et l’enseignant.

  • Garder une relation distanciée et apaisée /chaque enfant  et / groupe.
  • Accepter de ne pas avoir la maitrise de tout… avoir une bonne capacité d’adaptation…
  • Avoir un rapport à l’erreur = écart de construction possible.
  • Ne pas se situer dans une attente mais dans le constat.

Pour cela, des aides : ne pas prévoir de progressions, avoir des critères d’évaluation factuels, précis, construits. Moi, c’est l’analyse du langage qui m’apporte ça.

Voir : L’analyse de langage

  • Ne pas attendre de reconnaissance de personne, mais analyser ce qui est fait.

Se construire des critères d’analyse, là encore, factuels, « quantifiable / qualifiable ».

Ne pas attendre de reconnaissance des parents mais partager et expliciter le fonctionnement de la classe.

  • Ne pas craindre de poser des limites claires et explicites.

J’ai l’impression que ce n’est pas une crainte que je dois dépasser ou une peur mais que je dois construire un pourquoi. Si je mets une limite, c’est qu’elle fait sens pour moi. Je peux ensuite m’appuyer sur ce sens pour « la tenir ». Si je n’ai pas construit le sens, je sais que ma limite s’écroulera telle un château de cartes…

  • Avoir confiance en soi en tant qu’Enseignant : accepter le TE de l’enseignant … qui favorise le TE des élèves… : temps, expériences, formation, co-formation

  • Ne pas attendre de coopération de la part de ses collègues mais avoir envie de la construire avec eux…

Même posture qu’avec les élèves ? Comme avec les enfants, ne pas se braquer mais trouver un chemin possible pour y aller ensemble. Oublier nos réflexes de « il boude et en plus je lui accorde plus d’attention, ce n’est pas juste », etc. Les autres ne réagissent pas par rapport à nous mais par rapport à eux-mêmes.

  • Travailler et se former dans un groupe d’échange et d’écoute …
  • S’appuyer sur une volonté de formation permanente.
  • Construire une compétence d’enseignant au niveau didactique,chaque jour.

J’ai trouvé ta phrase très juste dans ton dernier article en lien avec ta dernière lecture : « De mon point de vue, c’est quand il se sent compétent qu’un enseignant peut développer son empathie… ». Progresser en didactique est sûrement ce qui m’a le plus aidé dans la gestion de la classe. Cela m’apporte de la confiance en moi et donc de l’assurance et une confiance pour poser mes limites, accompagner, accepter, écouter.

Avoir compris et accepté que l’écrit individuel n’est pas la source principale d’apprentissage.

  • Avoir une capacité à rebondir pour chaque élève en fonction de son âge et de son niveau de raisonnement.

Lire et relire Isabelle Filliozat. C’est court, parlant, clair, juste (enfin, moi, je trouve que ça fonctionne bien ).

  • Avoir une  connaissance des notions essentielles dans chaque domaine en lien avec les items du Programme.
  • S’appuyer sur un rapport à l’évaluation tout au long de l’année .

Analyse du langage pour évaluer de manière factuelle et précise et non pas avec son seul « ressenti » (trop proche de l’affect qui colore pour moi).

  • Pouvoir partir des enfants parce qu’on accepte de prendre en compte ce qu’ils disent ou font comme origine des savoirs = des temps d’échanges et de l’écoute.

Voir ton dernier article qui élargit tellement cette notion de « partir de l’enfant » pour nous faire dépasser le « comment à partir d’un quoi de neuf faire un exposé » ! Il resitue cette expression dans un système complexe et nous fait prendre de la hauteur, bouscule notre point de vue.

Voir : Comment fait-on pour « Partir des enfants »?

  • Prendre en compte les prise de notes sur ce qui est dit ou fait par les élèves comme étant un élément essentiel de la préparation .

Quelque chose à construire, l’analyse du langage aide mais ce n’est pas inné, construire les situations pour, analyser, rebondir ensuite à partir de…

  • Ne pas préparer chaque séance avec un objectif ciblé à atteindre mais avec une notion essentielle autour de laquelle les enfants vont « tourner » toute l’année.

Et connaître tous les liens internes de cette notion, les essentiels de l’essentiel…

Voir Tableau de notions principales en maternelle

Voir : tableau de notions principales du CP au CM

  • Travailler des règles de vie avec les élèves : Conseil. Exprimer clairement de quoi l’enseignant est garant : la sécurité, le respect des biens et des personnes et que certaines chose ne sont pas négociables. Ne pas faire vivre le Conseil obligatoirement si on ne pense pas être prêt soi-même.
  • Ne pas utiliser le temps du Conseil comme un temps de tribunal mais comme un temps de réflexion sur les projets et problèmes à régler.

Problème de fonctionnement de la classe dans son ensemble et non par rapport à un élève en particulier, ce n’est pas un lieu de gestion des conflits. Replacer le Conseil par rapport au savoir et donc aux apprentissages de la classe.

Voir : Le Conseil

  • Ne pas hésiter à avoir un temps différencié pour régler quelque chose avec un enfant qui a des problèmes spécifiques. Lui faire vivre les mêmes situations que les autres mais avec des possibilités de les vivre à sa façon. Expliciter clairement le pourquoi de cette différence au groupe.
  • Être au clair sur la prise en compte du bruit.

Quand est-ce que j’autorise tel ou tel niveau sonore, pourquoi, qu’est-ce que, moi, personnellement, je peux supporter, comment alterner ces temps, comment aider les élèves à prendre conscience du bruit et de ces effets ? On vit dans une société où tout est bruit et mouvement en accéléré.

  • Ne jamais lâcher l’idée que l’enseignant est le garant de tous les possibles et de toutes les limites.

Mettre en place des conditions particulières

La gestion du temps

Le temps et les programmes comme cadre sécurisant pour l’enseignant : le temps qu’il nous reste dans cette journée, cette semaine, cette période nous contraint à faire des choix, à prioriser les activités d’apprentissages. Les notions principales du programme sont présentées au début de l’année et serviront de référence tout au long de l’année pour organiser le temps.

Des temps fixes : un emploi du temps à construire :

Voir : Construire un emploi du temps

  • Par rapport au programme  tant d’heures en français, en maths etc…

J’ai l’impression que c’est plus pour se « protéger », répondre à une demande de la part de l’institution, une sorte de « communication » car les situations travaillent souvent dans plusieurs domaines et que si on regarde trop ces heures on hache tout : savoir, temps, situations, sens.

  • Par rapport aux situations ritualisées qui se répètent  situer celles qui seront travaillées par périodes.

S’autoriser à « remplacer » une activité ritualisée lorsqu’un temps de régulation est nécessaire : « Aujourd’hui, nous n’écrirons pas de texte libre. Nous allons faire le point sur tous les types de textes que nous pouvons écrire. »

Une alternance de temps : dans la journée, semaine

Très difficile pour moi à faire si « on le fait avec sa tête ». Ca me semble trop complexe comme équation à résoudre. Mais si on le fait avec tous ces autres sens, en écoutant sa classe, on peut ajuster et, j’imagine (car je ne l’ai pas vécu), finir par construire un rythme, une alternance qui est mouvante dans l’année.

Connaître les besoins physiologiques des enfants : besoin de dépense physique, d’oxygénation

  • Individuel/groupes/collectif.
  • Concret / formel  –   échanges /manipulations.
  • Dehors/dedans.

Des temps de Bilan et de Synthèse,systématiques

Par période : un temps décalé et ciblé qui devient un projet à construire

Deux jours, une semaine : d’arts plastiques, de lecture , de défis maths , de constructions de , la semaine de l’automne, le marché de Noël ou pour les autres classes , etc…

A expérimenter pour moi. J’aime bien l’idée aussi du marché de connaissances.

La gestion de l’espace

A travailler également pour moi. Ca demande du temps (pour déplacer les meubles, ranger, trier, ordonner, pour concevoir, penser, expérimenter) et de l’expérience (pour ajuster et finalement trouver des invariants ou du moins ce qui fonctionne ou non ou des fois)…

Des repères : coins, affichages

Des éléments modulables : meubles légers, à roulettes, ouverts, accessibles.

Tables, chaises, bancs déplaçables ; pas forcément dévolus à la même activité dans la journée.

Des espaces à cibler en fonction d’une activité et non en fonction de sa destination première… ex : ateliers dans le couloir.

Accepter de réorganiser la classe en cours d’année en fonction des besoins de la classe et des propositions des élèves. Les élèves peuvent eux-mêmes trier, organiser, afficher…

Avoir anticipé la gestion du petit matériel : trousse individuelle ?, matériel collectif ? Et avoir un regard vigilant lors des temps de rangement et de transition

Organiser la libre circulation des élèves dans la classe, dans l’école : règles de sécurité à questionner

La gestion de partenaires

Avoir des classes de correspondants à qui envoyer le Journal de la classe.

Envoyer aussi ce journal aux parents et aux autres classes de l’école.

Prévoir un affichage dans le couloir…

C’est bien dans le couloir….

Faire vivre la coopération :

  • Avec les collègues :

Discuter très explicitement avec les collègues sur toutes les règles d’organisation, de déplacement et de sécurité. pour que le règlement intérieur de l’école soit  clair et explicite et puisse servir de référence à tous les niveaux.

Aborder la question des contrôles de fin d’année et des évaluations tout au long de l’année sans être dans l’attente d’une communion totale…

Proposer des ateliers décloisonnés avec les collègues. Les construire en équipe pendant les conseils de cycle… Les faire apparaitre comme prioritaires dans le Projet d’école avec objectifs d’apprentissages, conditions et conséquences…

  • Avec les parents :

Trouver des parents pour prendre un groupe de jeux de société, pour lire un album, pour aider à la construction de …, pour faire des crêpes ou aider à la réalisation de plats en cuisine, pour travailler dans le jardin etc…

Trouver des parents pour accompagner régulièrement des sorties.

Rédiger avec les élèves et envoyer des courriers aux parents pour qu’ils viennent présenter un métier, un objet, un savoir-faire.

Utiliser un cahier spécifique pour montrer aux parents les traces des apprentissages : beau cahier du jour

  • Avec l’équipe éducative large

Travailler avec le Maitre E, le psychologue scolaire, le RASED…

Des lectures proposés et partagées sur … des travaux à montrer lors d’une exposition …

Des courriers envoyés à la mairie pour proposer, s’informer, demander si …

Conclusion

Cet article n’est pas exhaustif , n’est pas impératif , ni prescriptif !

Comme je l’ai dit, j’ai choisi cette forme de liste pour montrer l’ampleur de tout ce qui peut avoir une influence sur les conditions d’exercice de cet enseignant qui doit gérer un groupe classe…

Il y a , de mon point de vue, un essentiel incontournable : un équilibre à construire chaque jour sur la base d’un Savoir que l’on connait suffisamment pour pouvoir rebondir.

Cela se construit petit à petit et j’espère que ce blog pourra contribuer à aider certains à le travailler.

Ce fut une réelle satisfaction de présenter cet article à trois mains…

La pédagogie Freinet se construit dans l’échange de points de vue , dans l’échange et la coopération avec une visée émancipatrice basée sur de l’explicite, en lien avec la vie et l’éthique ….

Voir les liens de la Rubrique Pédagogie

Voir les articles de la Rubrique Lire- Ecrire 

Voir le contenu des valises par niveau PS au CM

Voir les Affiches de synthèse

Voir les liens de la Rubrique Développement de la Pensée

Voir les liens de la Rubrique Langage

Voir les liens de la Rubrique Mathématique

Voir les liens  de la Rubrique Connaissance du monde

J’en profite pour vous rappeler  la sortie d’un livre que nous avons écrit à 10 enseignants du groupe Freinet 44,  qui donne à voir nos parcours, nos questionnements, nos doutes et nos différences

Ce livre s’appelle: Ouvrons des pistes, itinéraire de 10 enseignants Freinet,  Edition du Centre du Travail.

Voir l’article: deux livres pour toi qui débutes en Pédagogie Freinet

Vous trouverez, dans la colonne de droite de ce blog, deux tableaux récapitulatifs de tous les articles du blog, rangés par rubriques, afin de vous donner une vision d’ensemble de ce qui est paru dans ce blog.

Si cet article vous a intéressé, n’hésitez pas à vous inscrire sur la News Letter dans la colonne de droite du blog pour recevoir une présentation des prochains articles. Vous pouvez aussi laisser un commentaire , poser des questions ou demander des renseignements. Bonne lecture…

2 commentaires sur “La gestion de groupe

  1. Certains élèves progressent bien quand une relation particulière s’établit mais ce n’est pas les conduire vers l’autonomie. Ils apprennent pour l’autre et non pour eux. Favoriser la relation entre les élèves et le savoir et non entre les élèves et l’enseignant. Des conseils de lecture là-dessus svp ?

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    • Bonjour Nathalie

      Merci de ce commentaire.
      Pour que la relation élève /savoir soit favorisée cela dépend des choix de l’enseignant.
      Il s’agit avant tout d’un choix de posture : laisser vivre le tâtonnement, les expériences,les échanges et les temps de Bilan et de Synthèse.
      Le dernier livre de Laurent Lescouarch me semble intéressant pour avancer dans cette direction :
      « Construire des situations pour apprendre  » Ed ESF
      Il offre une réflexion sur l’étayage, la façon de nourrir sans faire à la place de…
      Le dernier livre de Sylvain Connac offre aussi une possibilité de réfléchir sur des situations d’apprentissage.
      Il traite souvent des apprentissages d’élèves plus âgés , ce qui change un peu la donne .
      Il y a encore peu de références sur la prise en compte du développement de la pensée de l’enfant pour construire son autonomie dans les apprentissages.
      J’ai écrit dernièrement un article qui s’appelle Partir des enfants . Il peut peut-être t’apporter quelques pistes .
      J’envisage de le compléter par un article sur : Partir des enfants en maternelle , et ensuite Partir des enfants en primaire , pour apporter cette dimension du développement de la pensée.
      J’espère que ma réponse répondra à tes attentes.
      Bonne lecture !
      Soizikel

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